Les Atelières
UN ESPACE AUTOGÉRÉ ET AUTOPROGRAMMÉ PAR LES FEMMES DE L’ELSAU
Commanditaire et Partenaires :
Ville de Strasbourg
CEA
P’tit Labo
Région Grand Est
Temporalité du projet :
De septembre 2021 à juin 2024
Localité :
Elsau - Strasbourg
Outils et compétences :
Concertation
Tiers-lieu
Accompagnement
Préfiguration
Permanence
Constitution d’un groupe
LE PROJET EN RESUME
En 2021 le projet des Atelier.e.s est né de l’envie de donner une place aux femmes dans l’espace public à l’Elsau. Depuis, nous avons déambulé, discuté et rencontré de nombreuses personnes afin de leur demander leur avis sur la question. De là de nombreuses envies ont émergé, des besoins se sont fait sentir et des savoir-faire ont été partagés. Cette démarche a été menée en parallèle de l’ouverture d’un tiers lieu pour les associations du quartier : le P’tit Labo.
Nous avons mené des activités et ateliers exclusivement féminins au sein d’un espace convivial d’un genre nouveau, que chacune des participantes a pu s’approprier, où se retrouver, rêver, discuter, imaginer et s’émanciper.
GENÈSE DU PROJET
Le projet “Les Atelier.e.s” naît de la rencontre entre Sarah Bordel, alors étudiante en DSAA In Situ Lab au lycée Le Corbusier à Illkirch Graffenstaden et l’Atelier NA, collectif d’architectes. En effet, Sarah a mené au cours de son diplôme une première phase de concertation auprès des femmes de l’Elsau, pour arriver à un constat : Les espaces publics sont principalement masculins.
Les femmes interrogées lui ont fait part de leur besoin de prendre une place dans l’espace public : commencé par avoir un lieu, un espace pour discuter entre elles. C’est sur ce constat que l’Atelier NA propose à Sarah de l’accompagner pour mener ce projet à bien, en l’intégrant dans l’équipe. Une demande auprès du Contrat de Ville a été réalisée en 2021, avec des financements de la Ville et de la Région.
LA CONCERTATION
Après un premier forum de l’Elsau, où nous avons commencé à discuter avec des habitantes mais également des acteurs et actrices du terrain, nous avons voulu organiser plus précisément notre démarche de rencontres des femmes du quartier. Nous avons donc commencé les permanences sur le terrain en se rendant dans les écoles et aux arrêts de tram et bus. C’est avec nos questionnaires que nous avons demandé aux femmes leur relation avec l’espace public et aussi avec leur quartier de manière générale, afin de mieux comprendre les enjeux de celui-ci.
Ces permanences nous ont permis de nous rendre visibles et de nous faire connaître sur le quartier. Nous avons ainsi pu récolter plusieurs contacts de personnes intéressées. Nous avons également dressé un répertoire de femmes motrices et intéressées dans le quartier. Nous nous sommes aussi rendu.e.s visibles lors d'évènements comme les marchés à l’Elsau, où nous avons interrogé les habitant.e.s sur les endroits qu’iels aimaient ou pas dans le quartier et pourquoi. Une newsletter a été mise en place et diffusée à notre liste de contacts pour les tenir au courant de l'avancée du projet.
LE CHANTIER
Été 2022, nous avons enfin accès au local du P’tit Labo, au 12 rue Watteau. Ce lieu accueillera les futurs Atelieres, mais également d’autres structures et initiatives habitantes. Durant la période de travaux, nous avons déambulé dans le quartier avec la “chariotte” : un outil sur roulettes pour aller à la rencontre des gens et se faire voir dans le quartier. Afin de nous permettre de planifier au mieux les futurs évènements, nous demandions aux femmes rencontrées ce qu’elles imaginaient pour le lieu, ce dont elles avaient envie et besoin ainsi que des savoir-faire qu’elles souhaiteraient partager avec d’autres femmes (coiffure, cuisine, cours d’alsacien, etc).
Les travaux ont donc pu commencer en novembre 2022 avec le gros œuvre. Nous avons proposé un chantier participatif pour les femmes du quartier, notamment pour l’aménagement de l’espace ouvert et de la cuisine au rez-de-chaussé.
LES INTERVENTIONS
Lors de la deuxième phase de ce projet nous avons constitué un groupe de femmes avec les contacts récoltés. Grâce à cela nous avons pu faire circuler les informations autour du nouveau tiers lieu, expliquer l’auto-gestion de celui-ci, le faire visiter mais aussi y proposer des ateliers.
Nous avons alors mis en place deux types d’interventions : des permanences hebdomadaires sur place pour des visites spontanées exclusivement réservées pour les femmes du quartier, ainsi que des ateliers thématiques, les “atelieres”, avec ou sans intervenantes. Pour ces “atelieres” nous avons proposé des animations autour de la céramique avec Laura Mercuri, des ateliers de cuisine végétale notamment avec Denitsa et aussi des cours de sport en partenariat avec OBS une association du quartier. Le but de ces “atelieres” était de montrer les possibilités qui s’offraient à elles afin de pérenniser ce projet.
Aujourd'hui le tiers lieu vit dans le quartier et se fait doucement sa place grâce à l’auto-gestion de plusieurs associations du quartier.
BILAN
L’intitative “Les Atelieres” a permis d’offrir plein de possibilités aux habitantes du quartier, autant grâce à ce nouvel espace qui leur est ouvert, qu’aux activités proposées et aux futures qu’elles pourraient mettre en place.
En revanche, bien que nous ayons ressenti une forte demande d’ouvrir un lieu dédié aux femmes lors de la concertation, celles-ci ont encore du mal aujourd’hui à s’investir dans la démarche. En effet, un manque de connaissance du lieu et de son fonctionnement, une appréhension quant aux activités proposées ou encore la visibilité du local pignon sur rue font que les femmes ne l'exploitent pas au maximum de son potentiel. Le lieu sera sûrement mieux appréhendé après une période d’apprivoisement.
Nous avons beaucoup aimé réaliser ce projet et rencontrer les habitantes du quartier tout au long de notre intervention. Sarah a souhaité créer ce projet car il lui semblait porteur de sens. Ce fût une expérience importante pour enfin travailler sur ces sujets issues des observations faites sur le terrain. Bien sûr ce projet n’a pas été de tout repos mais il a été compensé par la joie de le voir réalisé.
Le but de ce lieu étant finalement de servir à ses habitant.e.s, nous espérons donc qu’il va vivre avec elleux autant que possible.
En tout cas les forces vives peuvent venir prendre le projet à bras le corps et décider de s’approprier cet espace pour elles et pourquoi pas l’espace public.